Finalement je reste là.

Tout d'abord c'est le soir, alors bonsoir. Implantation du décor. Vieille maison 1900 un peu délabrée mais en état d'habitation. Dans cette maison très peu de meubles. On dira que c'est un style épuré. On dira juste que ça fait parti du décor. D'accord. Un long corridor bordé de boiseries foncées. Sur les murs, des tableaux. Des tableaux de fantômes inquiets. Que va-t-on faire de leur grande et belle et imposante maison ? Remarquez, ce n'est plus une maison. C'est maintenant un petit manoir. Pas un château, non. Un manoir. Ici pas de noblesse châtelaine.

Des marquis, des sorcières, des fous et des incalculables, des amateurs de vins, des amateurs de thé, des voyageurs, des voyageuses, des aventuriers. Ici, dans toutes les pièces du manoir, des dés à coudre renversés sur les tapis, des photographies anciennes entassées contre le mur, des horloges, des pendules, des tic tac de partout. Dans le grand salon du bas, une table en bois avec des fauteuils voltaire, des chats noirs et des chats gris, des lustres défoncés, une grande cheminée, des rideaux lourds d'un tissus opaque vert foncé. Encore des gens qui veulent entrer. Ce sont des chercheurs, des artistes, des dadaïstes, des fantômes, des braqueurs de banque, des voyous, des prostituées, des joueurs malheureux, des écrivains accro à la drogue, des musiciens incompris, des musiciens tout cours.

Tous viennent ici pour boire du champagne, regarder de vieux films projetés au plafond, dans la chambre du haut, la plus grande, celle du troisième étage. C'est une chambre, mais ça ressemble plus à un cinéma couché : des tapis, des coussins, un plafond blanc sur lequel le vidéoprojecteur fait son travail. Les tapisseries sont vieilles et décollés, ça sent un peu le vieux bois, nous entrons dans la bibliothèque remplie de livres d'anatomie, de vieilles éditions du Larousse médical, tous les Jules Vernes, des romans d'aventure, des romans intrépides, et naïfs. Tout un tas d'encyclopédies sur l'univers et l'espace, sur la science, les océans, les peuples disparus, les animaux disparus. Et tout ce petit monde peut se retrouver sous le toit où des malles remplies de costumes attendent d'être ouvertes, disséquées et dérangées. Voilà, le décor est planté, maintenant à nous.