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Blog de Louise B. - Parapluiesurlaluneparalunesouslapluie
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6 novembre 2010

A summer family

Jeudi 4 Novembre 2010. Lyon est en plein festival du cinéma asiatique : L'Asian Connection. Ce soir-là je me rends pour 20h à la MJC Monplaisir où sont projetés l'ensemble des films. Je vais voir un film de Masaki Iwana, un long métrage, japonais, et en compétition dans le festival. Je n'en sais pas plus, je viens surtout par curiosité et par mon attrait pour l'Asie et le cinéma. Qui est Masaki Iwana ? Soudain dans le hall d'entrée, un homme dont les traits physiques ne peuvent tromper ses origines orientales, vêtu d'un chapeau, d'une veste, d'un pantalon, cheveux longs, noirs, queue de cheval. Près de lui une femme, même origines, portant dans ses bras un bébé, cheveux attachés noirs. Les deux personnes sont ensembles et discutent. Leur corps ont des postures de danseurs, une prestance scénique naturelle, ce sont eux, lui le réalisateur.

La salle est ouverte, les spectateurs commencent à entrer, c'est le temps de la présentation de l'auteur. Ce dernier nous dit, en français, qu'il n'a rien à nous dire et préfère nous laisser voir le film. Ne pas influencer le spectateur avant qu'il n'ait vu le film. Noir dans la salle. L'écran s'ouvre et je plonge dans le film. J'écris plonger car c'est vraiment cette sensation que j'ai eu. S'il fallait faire un peu de synesthésie, la sensation que j'ai eu de ce film est une eau froide recouvrant mon corps tout entier, une eau froide rafraichissante avec un mouvement du courant berçant le corps en douceur. Ce mouvement, ce courant qui est en réalité le rythme du film, et dont je devais faire confiance, me laisser aller complètement dedans pour ne pas le casser et voir jusqu'où cette eau froide et son courant allaient m'emmener.

Un film en 16 mm, noir et blanc, quatre tiers. Le grain de la pellicule donnant matière à l'image. Un son toujours à égal distance, comme si les acteurs parlaient à notre oreille qu'ils soient loin ou près dans le plan. Des plans cadrés d'une telle manière et qui m'ont rappelés les premiers films de Milos Forman : "L'As de Pique" en particulier. Une découverte de la philosophie de la danse Butô dont je connaissais l'existence mais que je connaissais peu. Un rapport très fort entre le sexe, la nature et la mort. Ce film m'a donné l'impression de voir un poème sonore, doté d'une temporalité non linéaire (disons une temporalité que chaque spectateur pourrait choisir à son gré), et c'est je pense avant tout cette représentation de la nature avec des plans séquences plus ou moins longs laissant entrer le mouvement d'un paysage en vie dans le champ de la caméra, qui m'a immédiatement fait penser à l'aspect poétique que peut dégager ce film.

Vous pensez voir un film japonais ? Oui mais le lieu principal du film est la basse-Normandie. Alors oublions un instant le lyrisme de l'extrême orient avec ses yukata. Le film est centré sur cette région française que le danseur Masaki Iwana affectionne particulièrement.

La voix de la petite fille vous attendrit-elle ? On ne verra jamais son visage, et ses rires se mêleront à des cadavres d'animaux.
La petite fille est-elle morte ? La petite fille existe-t-elle vraiment ? Qui est cette petite fille qui tient tant de place dans ce film ? Peut importe, elle est ce que vous ressentez d'elle, il n'y a pas d'explication unique, pas de mode d'emploi pour découvrir qui elle est.

Comment réagir, comment se sentir ou ressentir face à des scènes crues montrant l'acte sexuel ? Il y en a quelques unes dans A Summer Family de durées relatives, mais là encore, il faudra faire le parallèle car pour Masaki Iwana, filmer la nature et filmer du sexe est à mettre sur le même plan. D'ailleurs ce n'est pas pour rien si l'actrice principale achète des huîtres et un légume de forme phallique (courgette), pour s'essayer à de nouvelle sensations sexuelles. Connexion directe de la faune et la flore avec la dimension sexuelle de la vie. Voilà pourquoi ce film est une poésie. Mort, Sexe, Nature sont une seule et même chose, révélant à nous spectateur une dimension autre, l'union de ces trois aspects au travers de la danse butô ainsi qu'une façon pour l'auteur de dépasser cette danse, d'aller plus loin encore, de la traverser au delà des images, grâce au cinéma.

Pas de clé de compréhension, pas de début, ni de fin, pas d'identification aux personnages, pas d'attachement particulier à ces derniers, pas de logique temporelle, c'est certain, nous sommes très loin du cinéma américain, nous sommes très proche du cinéma moderne, encore qu'aujourd'hui le terme moderne ne signifie plus grand chose si l'on en croit Jacques Aumont. Nous pouvons peut être dire qu'il s'agit d'un film contemporain d' un autodidacte danseur de butô qui nous montre au travers des images en mouvement toute la poésie de son art.

                        
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